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Le rôle de la chiropratique dans la vérité et la réconciliation : une réflexion du Dr David Peeace

Pour moi, la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est une journée de commémoration profondément personnelle, qui invite à la réflexion. C’est l’occasion d’honorer les enfants qui ont été arrachés à leurs foyers et à leurs familles, dont certains ne sont jamais revenus, tandis que d’autres continuent de porter ces lourds souvenirs et de transmettre cet héritage à travers les générations. C’est aussi l’occasion de faire une pause, de réfléchir et de reconnaître les inégalités persistantes auxquelles font face les peuples autochtones et leurs communautés. C’est une journée pour écouter des récits et des témoignages douloureux et difficiles à entendre, mais qui crée également un espace de guérison et favorise l’esprit de communauté et le partenariat entre les peuples autochtones et non autochtones.

Je porte un t-shirt orange ce jour-là lorsque je travaille avec mes patients, dont certains connaissent mon histoire et d’autres sont curieux et me posent des questions. Cela nous offre une occasion de guérison mutuelle.

Pour moi, partager le passé et la douleur de ceux et celles qui ont vécu le système des pensionnats me permet de pleurer la perte de ma mère et la douleur et la honte qui l’ont empêchée de transmettre les richesses de sa culture.

Vous voyez, ma mère est une survivante des pensionnats, et comme je suis d’origine mixte (mon père était immigrant ukrainien), elle a choisi de m’élever dans cette tradition. Elle craignait tellement que je subisse les mêmes jugements raciaux et le même mépris qu’elle avait connus en grandissant dans la Saskatchewan rurale des années 1950 et 1960. Le monde avait évolué, mais je suis né peu après la rafle des années 1960, une période où des amis et des proches ont également perdu leurs enfants.

Ma mère voulait que je « passe inaperçu » et échappe aux préjugés, et j’ai adopté cet état d’esprit sans même m’en rendre compte, jusqu’à son décès il y a quelques années. Je n’ai pas pleinement embrassé ni compris mon héritage autochtone, malgré tout le temps que j’ai passé dans la réserve de mes grands-parents maternels à Fishing Lake. C’était juste la maison de mes grands-parents. Je suis devenu très doué pour cacher cette partie de ma vie, craignant d’être découvert et jugé, comme mes cousins autochtones qui ont été victimes de racisme systémique pendant leur enfance.

Je considère également cette journée comme un moment tout désigné pour reconnaître et aborder mes propres erreurs passées et les occasions manquées. Au début de ma carrière, j’aurais pu donner la parole à des chiropraticiens autochtones, mais, par honte, j’ai choisi de ne pas m’engager dans cette voie. Je me suis dit que je ne voulais pas être un « symbole » ou être défini par mon héritage. Aujourd’hui, je réalise que j’ai peut-être manqué une chance de montrer l’exemple et de soutenir ceux et celles qui auraient pu avoir besoin de conseils ou d’encouragements.

Aujourd’hui, je souhaite m’adresser aux membres de ma communauté qui envisagent une carrière dans le domaine de la santé et promouvoir ma profession, en les encourageant à devenir eux aussi chiropraticiens et à exercer auprès des leurs.

Je pense que les chiropraticiens occupent une position unique pour jouer un rôle de médiateurs dans le processus de réconciliation. En faisant preuve d’humilité et de curiosité culturelles dans notre travail, nous pouvons combler des fossés et favoriser une guérison qui honore la vérité et la réconciliation.

Je suis très fier du travail accompli par le Caucus national des chiropraticiens autochtones (CNCA), qui sert de modèle et de mentor à notre communauté. En fournissant des soins dans les réserves, nous luttons activement contre les inégalités en santé. De plus, en plaidant pour l’inclusion des soins chiropratiques dans les services de santé non assurés, nous visons à promouvoir l’équité en santé et à apporter des changements significatifs pour ceux et celles qui en ont le plus besoin. La vérité et la réconciliation exigent plus que des mots. Les chiropraticiens peuvent soutenir ce travail en plaidant en faveur de prestations de santé équitables, en encadrant la prochaine génération de professionnels autochtones et en dispensant des soins qui respectent la culture et la communauté.

Dans cet esprit, je termine par la reconnaissance territoriale de mon peuple, dans l’espoir que ceux et celles qui connaissent mes origines respecteront notre lien profond avec la terre. J’écris ces lignes avec respect pour cette terre, pour les gardiens du savoir et les aînés qui sont encore parmi nous aujourd’hui, ainsi que pour ceux qui nous ont précédés et qui ont vécu sur le territoire du Traité n° 4, les terres traditionnelles des peuples Cri, Saulteaux, Dakota, Nakota et Lakota, et la patrie des Métis.

Miigwech.

Dr David Peeace

Coprésident du CNCA

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