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La fierté dans la pratique : la Dre Kara Haus parle des espaces chiropratiques sûrs pour la patientèle queer

Lorsque la Dre Kara Haus (elle/iel) a ouvert un cabinet de chiropratique à Regina, en Saskatchewan, elle ne voulait pas traiter uniquement des maux de dos. Elle souhaitait créer un lieu qui n’existait pas encore dans sa communauté pour bien des personnes comme elle : une clinique où les personnes queers pourraient se sentir en sécurité et avoir accès à des soins de santé personnalisés.

« Il m’arrive souvent de n’effectuer aucun ajustement, dit-elle. Pour bien des gens, je suis tout bonnement la chiropraticienne queer qui peut orienter sa patientèle vers une thérapie hormonale ou une chirurgie d’affirmation de genre, ou simplement aider à trouver une ou un prestataire qui comprend la situation. »

Au Healthy Roots Wellness, la Dre Haus propose des traitements chiropratiques courants, mais son rôle va au-delà des soins pratiques. Pour la patientèle trans, non binaire et queer, elle agit comme guide dans un vaste système de santé où l’on peut facilement s’égarer.

Sa vision initiale? Une pratique clinique compétente axée sur une culture d’affirmation de genre. « J’accueille tout le monde, dit-elle, mais j’éprouve ma plus grande satisfaction professionnelle quand je traite des personnes queers et des familles non hétéronormatives, et que je m’assure qu’elles reçoivent les soins de santé dont elles ont besoin. »

Au-delà de l’inclusion, la compétence clinique

À la question « Pourquoi les soins de santé adaptés aux personnes 2SLGBTQ+ sont-ils importants? », la Dre Haus répond sans hésiter : « Pourquoi pas? Nous avons appris à accorder la priorité aux soins pédiatriques, à la santé des femmes et aux services aux personnes handicapées, car ces populations ont des besoins particuliers. Il en va de même pour les personnes queers. »

La Dre Haus estime que donner aux gens le sentiment d’être bien accueillis n’est pas uniquement une question de courtoisie, c’est également un enjeu de sécurité – pour la personne traitée et pour celle qui prodigue les soins.

« Dans notre profession, poursuit-elle, nous procédons à des ajustements sur des personnes, et pour pouvoir le faire en toute sécurité, nous devons bien comprendre leur situation. Si nous ne posons pas les bonnes questions – sur l’identité de genre, le sexe assigné à la naissance, la thérapie hormonale – nous pouvons passer à côté d’éléments importants. »

Supposons qu’une femme de 55 ans se présente avec des douleurs lombaires qui s’aggravent avec le temps, des sueurs nocturnes et de l’incontinence. « On peut penser d’emblée à la ménopause, indique la Dre Haus, mais si la patiente est transsexuelle, on risque de ne pas tenir compte du fait qu’elle a encore sa prostate. Pour assurer notre compétence clinique et l’exhaustivité de notre liste de pathologies à exclure, nous devons envisager un cancer de la prostate et d’éventuelles métastases à la colonne lombaire; il faudra alors effectuer des tests diagnostiques supplémentaires et orienter la patiente vers une ou un spécialiste. Ce n’est qu’un exemple de l’importance de traiter chaque personne individuellement dans un souci d’intégrité et de prudence clinique. »

Deux drapeaux verts à surveiller

Selon la Dre Haus, il existe deux signes – plus évocateurs qu’on pourrait le croire – montrant qu’une clinique comprend les questions d’identité des personnes queers qui souhaitent obtenir des soins chiropratiques ou des soins primaires, et y accorde de l’importance :

  1. La question des pronoms est abordée d’entrée de jeu.

C’est souvent le premier signe indicateur des valeurs d’une ou d’un prestataire de soins primaires. La présence de pronoms sur un site Web, une carte de visite ou une signature de courriel montre que la personne reconnaît l’importance de l’identité de genre et est soucieuse de créer un environnement inclusif.

« En tant que patiente, note la Dre Haus, j’estime qu’il s’agit d’une preuve manifeste que la personne comprend pourquoi c’est important. »

2. On pose les bonnes questions dans les formulaires d’admission.

Les formulaires doivent comprendre des questions sur l’identité de genre, le sexe assigné à la naissance et l’hormonothérapie, non seulement par souci d’inclusion, mais aussi parce que ces renseignements ont une incidence sur les soins. Ces questions sont d’ailleurs pertinentes pour de nombreuses personnes, notamment les femmes ménopausées et les hommes qui ont un faible taux de testostérone, et montrent que l’approche clinique adoptée est inclusive. Conjointement, ces deux drapeaux verts indiquent que la ou le prestataire de soins saura répondre aux besoins de sa patientèle en toute sécurité et dans le respect.

Lorsque vous recherchez une ou un prestataire de soins primaires ou chiropratiques capable de s’adapter à vos besoins particuliers, prêtez attention à ces petits signes révélateurs. Est-ce que la ou le prestataire comprend bien la notion de soins inclusifs? Les bonnes questions cliniques sont-elles posées dans le formulaire d’admission? Utilise-t-on un langage respectueux de votre identité dès le premier contact?

Si oui, vous pouvez vous attendre à ce que votre prestataire réfléchisse de manière critique et avec compassion à qui vous êtes, à ce que vous avez vécu et à la manière dont votre identité peut influer sur votre parcours de santé. Au-delà de la question d’accommodement, il s’agit d’établir un lien de confiance, fondé sur le respect, et de prodiguer des soins en toute connaissance de cause.

Pourquoi les soins d’affirmation de genre sont-ils importants?

L’accès à des soins respectueux de l’identité sexuelle est à la base de la lutte pour l’autonomie, la dignité et la visibilité qui, elle, est au cœur des festivités de la fierté. Les prestataires de soins chiropratiques et de soins primaires peuvent jouer un rôle important en se renseignant sur les réalités médicales de l’hormonothérapie, les soins post-chirurgicaux et le contexte social dans lequel évoluent les personnes queers.

Dans un climat politique où l’accès à des soins d’affirmation de genre est de plus en plus menacé, il est essentiel de défendre les droits de la communauté 2SLGBTQ+. Les célébrations de la fierté sont également un rappel du travail qu’il reste à faire.

Cette année, une ombre plane sur le Mois de la fierté. « Fierté est devenu synonyme de peur, explique la Dre Haus, surtout pour la communauté trans et non binaire. »

Les messages publics demeurent souvent axés sur l’appartenance et l’acceptation, mais la Dre Haus craint que cet idéalisme n’occulte la réalité pour de nombreuses personnes queers. « J’ai vu un mème disant : Moins de “l’amour c’est l’amour”, et plus de “les personnes transgenres sont en danger”. Et franchement, je n’aurais pas pu mieux dire. »

La Dre Haus entend continuer de se battre pour sa patientèle, sa communauté et l’avenir des soins de santé. La création d’espaces plus sûrs grâce à un langage adapté à l’affirmation de genre et à des soins adéquats constitue une riposte efficace selon elle.

Source de l’image : publiée à l’origine par @clairewillett sur X (anciennement Twitter) ; cette publication n’est plus disponible.

Les soins d’affirmation de genre ne sont pas une mode saisonnière. Ils visent à faire en sorte que tout le monde se sente en sécurité, respecté et soutenu en contexte de soins. En tant que membres d’équipe de soins primaires, les chiropraticiennes et les chiropraticiens peuvent contribuer à répondre aux besoins diversifiés de la patientèle 2SLGBTQ+ dans leurs cliniques en fournissant des soins fondés sur le parcours de santé unique de chaque personne.

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